L’un des points communs que l’on pourrait pointer dans de nombreuses
médiations est la capacité des médiés à avoir tus de leur colère et leur
souffrance pendant de longue périodes (plusieurs semaines ou mois, voire
plusieurs années).
Souvent en effet, la médiation n’est pas un réflexe de l’un ou de l’autre médié.
Elle intervient donc après une intensification du conflit.
Ce faisant, le temps qui
passe joue également contre eux. Avec l’escalade du conflit, plus difficile en
effet pour des parties en conflit de projeter l’idée d’une médiation, lorsque la
situation se gangrène de plus en plus au fur-et-à-mesure du temps, la
perspective d’une résolution amiable du différend paraît de plus en plus
improbable aux parties, voire carrément utopique.
Dans cette logique, les
parties en conflit ont le sentiment de devoir se résoudre à supporter les
blessures engendrées par le conflit stoïquement, sans que quiconque puisse
leur apporter de l’aide.
Robert Fisher et William Ury, auteurs de nombreux ouvrages sur la
négociation raisonnée préconisant notamment de séparer les personnes de
problèmes rencontrée et d’accorder plus de place et d’importance aux
émotions.
L’idée serait de détacher la personne du problème afin d’aborder la
personnalité et de percevoir distinctement l’humain derrière l’acte qui nous a
blessé.
Cette préconisation a du sens pour le médiateur qui se confronte frontalement
aux médiés.
Lors des séances plénières comme en aparté, le médiateur est
l’auditeur qui entend et écoute des facettes différentes d’une seule et même
histoire, il perçoit et reconnait les émotions des médiés, qui pour la plupart
sont tout aussi plausibles et ce, de chaque côté de la table.
Certains médiateurs vont jusqu’à considérer que l’escalade du conflit ne serait
en réalité que la dissimulation de la souffrance cumulée des médiées, laquelle
avec le temps blesserait davantage celui qui l’éprouve et qui percevrait dans
l’autre, l’auteur de cette souffrance, de la douleur qu’il « traîne » de façon
perpétuelle avec lui.
Pour que les médiés puissent avancer, le médiateur doit donc les amener à se
délivrer de leurs émotions, à les exposer lors du processus de médiation. Nul
doute que le médiateur puisse sous cet angle se considérer comme un
véritable thérapeute de la relation.
Image, source Pixabay
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire