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C'est à moi que tu parles?


Dacres éditions - coll. Reflets de Dacres, Format : 12,5 * 19 cm, Livre broché 120 pages, 12€

La méta-communication au coeur du processus de médiation

Vous pensez être particulièrement intuitif car vous devinez les pensées de vos proches avant qu’ils ne les expriment ? Vous pensez avoir mûrement réfléchi les derniers achats que vous avez effectués sans avoir jamais succombé aux sirènes de la publicité ?

Ces croyances sont un leurre.Je vous rassure, ces pensées étaient les miennes avant d’entrer dans le monde de la méta-communication et de comprendre les rouages de notre communication.

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9.17.2018

Le non-jugement est-il une utopie?

Cette semaine je souhaite aborder un thème qui revêt toute son importance dans le cadre du processus de médiation et qui peut également se révéler intéressant au quotidien : le jugement ou plutôt le non-jugement. En médiation, dans la vie de tous les jours est-ce possible de ne pas émettre de jugement?


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Pour la plupart d'entre nous, c'est pratiquement impossible. Nous ne passons pas une journée sans émettre une dizaine de jugements.

Parmi ceux qui lisent cet article, certains pourraient être tentés de ne pas se sentir concerné, sous couvert de bienveillance ou d'empathie. Mais parviennent-il pour autant à ne pas émettre de jugement?

Un jugement ne porte pas nécessairement sur un point crucial de notre existence ou un aspect fondamental de celle-ci.

La plupart de nos jugements portent sur des choses sans importance et de ce fait, passent souvent inaperçu, même pour celui qui en est l'auteur.

Vous pensez que le prix d'un vêtement qui vous a tapé dans l'oeil est indécent. "Ce vêtement est trop cher".
Vous trouvez votre collègue particulièrement désagréable. "Gerald est mal luné aujourd'hui"
Vous estimez que votre adolescent est feignant. "Tu es vraiment paresseux", etc...

Chacune de ces phrases contient un jugement. Certains diront qu'en fonction du contexte dans lequel elles s'inscrivent, elle peuvent s'avérer vraies ou au contraire, être erronée.Félicitations, vous êtes parvenus à identifier distinctement ce qu'est un jugment, à savoir, une appréciation personnelle et subjective d'une chose, d'une personne ou d'une situation donnée, dont l'appréciation sera variable selon le contexte et selon l'interlocuteur concerné. En jugeant, vous cessez de qualifier et de catégoriser objectivement.

En jugeant, vous vous dévoilez et vous mettez à nu face à votre interlocuteur. Pourquoi? Parce que nos jugements ne tiennent pas face à la réalité.

Vous avez apperçu plus tôt ce matin un ravissant manteau en laine qui vous fait de l'oeil. Renseignement pris, ce manteau est au prix de 299€. Ce n'est pas un jugement, c'est la réalité, du moins si c'est le prix mentionné sur l'étiquette du manteau. Et le jugement dans tout ça? Certaines personnes le considéreront comme étant hors de prix, d'autre bon marché, quand d'autre estimeront qu'un manteau pareil à ce prix, c'est donné. Là nous sommes en plein dans le jugement.Nous quittons la sphére de l'objectivité pour entrer dans celle de la subjectivité.

Ce matin, en arrivant au bureau vous avez croisé Gerald, votre collègue du service compta. En arrivant à votre hauteur, il vous gratifie d'un bonjour. Là encore, c'est un fait objectif. Mais pour vous, l'affront est de taille, le bonjour de Gerlad n'était clairement pas suffisament enjoué à votre approche. Le verdict est sans appel, Gerald est mal luné. Vos collègues sont partagées. Pour Sophie Gerald semblait plutôt aimable et avenant, pour Samantha, Gerald n'était ni avenant ni renfrogné. Vous voilà confronté à l'incertitude liée à la subjectivité de votre jugement, mis en confrontation avec ceux de vos collègues.

Corentin votre adolescent de quinze ans a mis la table à trois reprises cette semaine et a accepté de passer l'aspirateur à votre demande expresse. Pas de doute, c'est un feignant. Pourquoi donc votre soeur vous envie t'elle cet ado léthargique qui selon elle vous aide fréquemment à la maison, alors que votre collègue estime qu'il est normal que Corentin ne lève pas davanage le petit doigts, il est encore jeune tu comprends? Re-jugement.

Où est le vrai? Où se dissimule le faux? Nul part! Ce que ces jugements nous apprenent c'est qu'il ne nous permettent pas de saisir la réalité d'une situation. Ces jugements ne traduisent pas des actes concrets, ils rèvelent ce que nous sommes.

Vous trouvez Inès trop petite? D'accord mais par rapport à qui à vous, vos enfants?
Vous estimez que votre pâtissier vend ses gâteaux trop chers? Cela ne traduirait-il pas le fait que vous estimez que votre budget ne vous permet pas de réaliser ce type d'achat de façon fréquente?
Le contrôle de maths de votre fils était trop difficile? Si l'on prend en compte son niveau?

Le jugement pourrait bien être le reflet de nos peurs, de nos craintes, de nos espoirs ou encore de nos aspirations. En aucun cas nos jugements ne définissent le monde tel qu'il est objectivement.

Pour approfondir la question, je conseille l'excellent livre d'Yves-Alexandre Thalmann : le non-jugement, de la théorie à la pratique qui aborde cette question sous de très nombreux angles.

Pour les plus téméraires, je leur lance le défi de ne pas émettre de jugement pendant 48h.  



Image, source pixabay

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