Le développement du numérique suscite de nombreuses questions ainsi que de nombreuses inquiétudes. La médiation n'échappe pas à cette tendance. pour cette raison, je vous propose d'entamer un cycle de réflexion autour de la relation qui unit la médiation et le numérique.
L'ubérisation de la médiation: Utopie ou Perspective inévitable?
Projettons-nous dans le monde d'Isaac Asimov (I-robot) afin de tenter d'y trouver les réponses à nos questions.
« La Machine n'est après tout qu'un outil, qui permet à l'humanité de progresser plus rapidement en la déchargeant
d'une partie des besognes de calcul et d'interprétation. Le rôle du cerveau humain demeure ce qu'il a toujours été; celui de
découvrir les informations qu'il conviendra d'analyser et d'imaginer de nouveaux concepts pour procéder aux tests1
[…]»
« […] Voici l'exposé des faits en une formule concentrée. Nous avons réalisé un cerveau positronique apparemment de la cuvée
ordinaire, qui possède la propriété remarquable de pouvoir s'accorder sur les trains d'ondes cérébrales […] Si jamais le public
venait à apprendre, par une indiscrétion, l'existence d'un robot capable de lire les pensées, avant d'avoir été informé que nous
possédons l'entière maîtrise du phénomène, on ne manquerait pas d'exploiter largement cette information […]»
« […] On mit au point des robots pour remplacer la main d’œuvre humaine, et actuellement il suffit de deux cadres humains
pour faire fonctionner chaque station. Nous essayons en ce moment de remplacer ces derniers et c'est ici que tu interviens. Tu es
le modèle de robot le plus perfectionné jamais réalisé et s’il s’avère que tu peux diriger cette station de façon autonome, aucun
être humain ne devra plus désormais y séjourner, sauf pour apporter des pièces de rechange […]»
Ces extraits issus du recueil de nouvelles d’anticipation I Robot écrit par Isaac Asimov, forment un prélude
idéal pour introduire une discussion sur la perspective éventuelle d’une uberisation de la médiation.
Isaac Asimov y évoque un monde futuriste au sein duquel les humains font quotidiennement usage de
robots perfectionnés. Ces robots sont particulièrement sophistiqués et leur intelligence artificielle est
extrêmement développée. En effet, certains protagonistes de ce recueil de nouvelles vont jusqu’à admettre
que les robots sont bien plus intelligents que de nombreux humains.
D’ailleurs, les robots ont remplacés de
nombreux humains au sein des emplois que nous connaissons. La place de ces robots au sein de cette société
futuriste a même conduit les législateurs de ce monde à adopter les trois lois de la robotique censées assurer
l’inoffensivité des robots à l’égard des humains.
Dans ce recueil de nouvelles, Isaac Asimov évoque le quotidien d’un monde au sein duquel règnent la
digitalisation et la robotisation. Dans ce monde, le marché de l’emploi a considérablement évolué puisque
les robots constituent désormais l’essentiel de la main d’œuvre.
Sans aller jusqu’à prétendre que le monde actuel semble suivre la voie tracée par cet ouvrage d’Isaac Asimov,
ce dernier reste cependant intéressant dans l’analyse de l’évolution de notre économie. En effet, les récentes
avancées technologiques, qui soit dit en passant, ne font que précéder de nouvelles avancées plus
conséquentes, permettent d’ores et déjà de rebattre les cartes du marché de l’emploi.
Là où le parallèle avec ce monde décrit par Isaac Asimov prend encore plus de relief, c’est lorsqu’il fait état
de robots dont l’intelligence permet de les substituer aux humains, à l’occasion de la réalisation de tâches
complexes et à haute valeur ajoutée.
En effet, si l’état actuel des technologies, n’offre pas encore une telle possibilité en dépit de la transition de
nombreuses activités économiques vers internet, force est de constater que l’uberisation semble prête à faire
mentir une telle affirmation et ce, dans tous les domaines d’activité existants.
En effet, même les modes alternatifs de règlement des conflits, au premier chef duquel figure la médiation,
ne semblent pouvoir échapper à cette « Uber-évolution » qui menace de balayer les praticiens historiques et
leurs méthodes actuelles de travail.
Revenons au concept d’uberisation qui constitue ce que l’on nomme un néologisme, à savoir, un nouveau
mot. Ce mot doit sa création à la société américaine Uber, fondée en 2009.
Le mot uberisation désigne
l’évolution particulièrement rapide d’un marché ou d’un secteur de marché occasionnée par l’arrivée d’un
nouveau concurrent qui propose aux consommateurs une alternative innovante ou moins onéreuse. Il fait
référence aux bouleversements générés par la société Uber dans de nombreux pays du monde sur l’activité
des taxis traditionnels.
Ce qui caractérise l’uberisation c’est qu’elle prend appui sur les développements technologiques les plus
récents. Ainsi, pas d’uberisation sans digitalisation, pas d’uberisation sans robotisation.
Le phénomène d’uberisation ne se limite cependant pas aux taxis car on dénombre dorénavant de
nombreuses sociétés qui opèrent d’une façon similaire sur d’autres marchés. Ainsi, si les taxis traditionnels
se sont retrouvés concurrencés par Uber, les hôteliers traditionnels sont eux concurrencés par Airbnb.
Et
demain ? A qui le tour ?
Il n’est plus possible de feindre de ne pas comprendre que cette évolution est désormais devenue la règle
pour continuer à exercer une activité quelle qu’elle soit.
La conscience de cette mutation induit l’obligation
d’envisager l’éventualité de faire évoluer le processus de la médiation ainsi que sa pratique.
Pour autant,
peut-on affirmer que la médiation est en train de se faire uberiser ? Doit-on envisager la perspective d’une
uberisation des médiateurs ?
Il convient de dresser l’inventaire des circonstances qui paraissent présager du caractère inéluctable du
processus d’uberisation de la médiation, avant de mettre en exergue les circonstances qui semblent
au contraire faire front à cette perspective.
A la semaine prochaine donc pour approfondir ces propos.
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