Toute communication
comporte invariablement son lot de silence(s). Si tel n'était pas le
cas, beaucoup parmi nous seraient aphones à force de parler à n'en
plus finir.
Pour autant, nous nous
redoutons ces moments. Le silence est souvent associé à l'état de
solitude. Rarement à la collectivité, à la vie en communauté. Dès
qu'un autre nous rejoint, sommes enclins à communiquer avec cet
autre, à parler avec lui.
Cette tendance est si
forte qu'elle engendre des angoisses lorsque nous conservons le
silence en présence de l'autre.
Qui n'a jamais ressenti
de la gêne au moment d'utiliser un ascenseur avec une autre
personnes.Certains vont jusqu'à préférer utiliser l'escalier ou
proposer d'attendre pour éviter d'être confronté à de tels
moments. Quant à ceux qui ont eu le courage de pénétrer dans
l'ascenseur avec l'autre, n'ont ils pas été tiraillés entre leur
souhait de discuter (mais pour dire quoi?) et garder le silence (en
ayant le sentiment profond que cette attitude n'était pas la bonne).
Le silence ne pourrait-il
s'installer entre deux êtres qui se tiennent à proximité l'un de
l'autre, sans être suspect ou sans constituer une offense à
l'encontre de l'autre?
D'autres situation
peuvent également nous confronter à cette peur du silence. Au cours
d'un dîner, lors d'un entretien, les paroles fusent, les unes après
les autres, les convives se renvoient la parole comme des joueurs se
passeraient une balle, le recruteur et le candidat s'essaient à un
ping pong de questions/réponses qui se succèdent sans temps mort.
La bonne entente en communauté passerait -elle par le bannissement du
silence?
Les sociétés modernes,
devenues de sociétés de communication ou les informations circulent
rapidement parfois sans avoir été vérifiées, renforcent le
sentiment que le silence isole, éloigne des autres membres de la
collectivité.
En médiation, cet écueil
se présente également. Les parties en conflit craignent le silence,
elle le fuit. Si le médiateur ne rassure pas les médiés à ce
sujet, ceux-ci risquent de se sentir oppressé par moment au cours du
processus de médiation ou de s'engager dans un match de ping pong
avec l'autre partie en conflit.
Le médiateur doit faire
oeuvre de pédagogie avec les médiés afin de les amener à ne pas
craindre de prendre le temps de s'accorder des moments de silence,
des phases d'introspection au cours même du processus de médiation.
Ne dit-on pas que le
silence est d'or?
On comprend que la
silence du médiateur soit indispensable pour parvenir à leur offrir
une écoute optimale. Il donne plus de valeur à la parole qui ne
jaillit plus comme un geyser mais qui est dispensée de façon
mesurée.
Chez les médiés, le
silence permet de s'offrir un temps de réflexion.Le silence offre le
luxe d'être à l'écoute, des autres mais également de soi.
En réalité, lorsque
l'on prend en considération le rôle du silence dans la
communication, on prend conscience du fait qu'il rythme la parole,
qu'il ponctue celle-ci.
De quoi se demander si
dans une conversation, le silence absolu existe. Ne serait-il pas un
instant, une suspension se produisant au cours d'un dialogue?
Image, source Pixabay
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