C'est à moi que tu parles?
Dacres éditions, 120 pages, 12€, dispo ici
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" La dégradation de la
relation des parties en conflits qui ne se parlent plus ou qu’avec forces
difficultés, conduit à considérer qu’une compréhension commune naturelle des
parties est un leurre. Cependant, une compréhension naturelle des parties en
conflits par le médiateur, l’est tout autant.
Même si les parties en
conflit sont impliquées dans le même conflit, elles ont de celui-ci leur vision
propre que l’on peut qualifier de vision singulière. À l’opposé, elles ignorent
tout de la façon dont l’autre partie perçoit
le conflit, ainsi que leur relation.
Ce constat n’est en
rien paradoxal. Il se justifie par le fait que chacun possède son propre
cadre de référence. La perception n’est pas la seule chose qui varie selon le
cadre de référence, la communication elle aussi, dépend
du cadre de référence des parties.
La méta-communication vise donc à pallier l’absence de cadre
de référence commun, afin de tenter de créer un cadre au sein duquel peut
s’épanouir une compréhension partagée des cadres de référence de chacun des médiés.
L’existence d’un cadre
de référence propre à chacun, permet d’expliquer que chacun possède son propre
modèle de communication. Un cadre de référence est fortement déterminé par
l’expérience antérieure d’un individu et se justifie par la préexistence de la société et du cercle familial à tout individu qui en fait
partie. Ainsi, l’enfant qui vient au monde, ne naît pas dans un monde vierge.
Tout individu voit le
jour dans une société préexistante qui possède d’ores et déjà sa propre
culture.
Il est possible de
définir brièvement cette culture comme la somme des croyances, des normes, des modèles, des représentations sociales, des valeurs communément suivies et acceptées par le groupe
d’individus qui constitue cette société.
L’enfant qui naît et
grandit dans cette société va dès l’enfance et tout au long de sa
vie, s’imprégner des codes de cette culture qui lui est transmise de façon
continue. Il va intérioriser celle-ci, et la restituer de façon
inconsciente. Cette dernière va constituer de façon intuitive la somme de ses propres références,
de ses valeurs, de ses besoins. C’est cela même qui va façonner
l’identité, la personnalité de l’individu et imprégner sa vie intellectuelle,
constituer son cadre de référence, ce filtre au travers duquel
l’individu va percevoir, penser les choses et forger sa propre réalité.
La méta-communication va permettre
de mettre à jour le cadre de référence ainsi que les représentations
personnelles de chacune des parties en conflits. Les indices ainsi recueillis
par le médiateur, vont lui être indispensables tout au long du processus
de médiation.
On retrouve ce souci
d’interprétation correcte des propos verbaux de l’émetteur à l’occasion d’une opération de traduction
d’un texte d’une langue à une autre. Le traducteur dans cette situation peut alors être comparé au médiateur. S’il lui manque la
connaissance du cadre de référence de l’auteur du texte original, le
traducteur ne pourra être à même de retranscrire la pensée de l’auteur
dans une autre langue.
Cet exemple illustre la position de chacun des médiés. Chacun
considère son cadre de référence comme une évidence et ignore
ou méprise le cadre de référence de l’autre. Cela occasionne des
incompréhensions et des quiproquos. Le rôle du médiateur, en tant que
traducteur des propos échangés au cours de la relation est donc bien de
saisir le cadre de référence de chacun des médiés en présence, afin de ne rien
ignorer de la signification évidente ou sous-jacente des propos tenus par eux.
Le cadre de référence
fournit au médiateur une palette d’indices dits de contextualisation.
Ceux-ci permettent de restituer la véritable teneur des propos tenus par les
médiés. Le cadre de référence fournit également des indices
sur les « codes » des parties. Ces codes forment de véritables grammaires
employées par les parties en conflit. En effet, la comparaison des codes
d’un individu à
l’autre fait état de significations, de sens, d’emplois différents pour un
même geste, un même mot. La méta- communication permet au médiateur de mettre
le doigt sur ces divergences plus ou moins flagrantes.
Le cadre de référence
fait partie intégrante de la personnalité de l’individu. Ce constat explique le
fait que la remise en cause du cadre de référence d’une personne et sa confrontation à celui
d’une autre personne puisse rapidement mener au conflit ou à la
guerre. Plus que sa perception de la réalité, c’est véritablement sa
personnalité, son histoire qui menacent d’être remis en cause par celui qui dénie le bien fondé, l’évidence imposée par le cadre
de référence d’un autre individu.
Par l’emploi de
la méta-communication, le médiateur trouve les indices qui lui permettent de
reconstituer les
cadres de référence des médiés et de déceler, s’il en existe, des points communs
qui constitueront autant de ponts permettant de faire la jonction
entre ces cadres de références et apporteront des bases permettant de jeter des
ponts entre les besoins et valeurs communément partagées par les médiés."
Dacres éditions - coll. Reflets de Dacres, Format : 12,5 * 19 cm, Livre broché 120 pages, 12€
Disponible ici
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