Conclusions autour des liens entre médiation et uberisation

Il faut garder à l’esprit que la médiation n’est pas une activité comme les autres. Ce n’est pas une

activité commerciale. On ne peut devenir médiateur comme d’autres deviendraient banquier. Il n’est possible

de devenir médiateur qu’en prenant conscience de l’importance des relations humaines, des émotions qui

font partie intégrante de ces relations.

L’évolution actuelle de l’économie encourage toujours un peu plus la dématérialisation, l’innovation

numérique et la digitalisation des activités. Certes, la digitalisation de l’économie doit être prise en compte

par les médiateurs qui ne pourront indéfiniment se refuser à employer internet, mais le tout numérique ne

doit pas un devenir un leitmotiv au détriment de l’intérêt des médiés.

L’accumulation des moyens numériques ne peut se substituer aux rapports humains, pas plus qu’elle ne

saurait pallier complètement leur absence.

L’établissement d’un lien de confiance entre les médiés et leur médiateur par exemple ne peut ainsi se

satisfaire du seul recours aux nouvelles technologies.

La médiation est un processus au coeur duquel doit être placé l’humain.

Or, la complexité des rapports humains suffit à elle seule à justifier de l’impossibilité de se satisfaire d’une

alternative calquée sur le modèle économique de la société Uber.

L’uberisation de la médiation en ligne ne serait pas impossible mais elle serait insatisfaisante et son efficacité

serait limitée. En outre, penser à uberiser la médiation comme cela fut le cas pour les taxis serait une cruelle

erreur puisque ce serait sans compter sur les armes que possèdent les médiateurs, à savoir : compétence,

pluridisciplinarité, exigence d’une formation continue et expérience.

Les médiateurs devront cependant demeurer vigilants car ils ne peuvent ignorer que les multiples incitations

institutionnelles et politiques au développement de la médiation, sont susceptibles d’éveiller l’intérêt de

nouveaux acteurs économiques appâtés par le seul attrait pécuniaire que représenterait pour eux le marché

de la médiation en ligne.

Ils devront également continuer à faire montre d’exigence quant au respect de leur déontologie et refuser

toute concession à ce sujet car c’est leur déontologie qui les distinguera d’éventuels braconniers de la

médiation. En outre, c’est en en y renonçant eux-mêmes qu’ils perdront toute exigence personnelle dans le

cadre de l’exercice de leurs activités ainsi que la conscience de l’importance de la tâche qui leur incombe.

Image, source Pixabay